L’année scolaire 2025-2026 s’est ouverte sur fond de restrictions budgétaires. Appliquées sans préavis dès le printemps 2025 (voir notre article ICI), et pérennisées dans les circulaires de rentrées 2025, les nouvelles règles de remplacement des enseignants absents nourrissent l’inquiétude des équipes éducatives.
Des remplacements drastiquement réduits
Dans les circulaires de rentrée, le Rectorat a confirmé le durcissement des conditions de remplacement. Dans le premier degré, les suppléances ne seront assurées qu’à partir de 15 jours d’absence. Après négociation, un assouplissement a été obtenu : un enseignant pourra désormais être remplacé au-delà d’une semaine d’absence. En effet, il a été rappelé au Rectorat que l’enseignement privé sous contrat ne dispose pas, contrairement au public, de titulaires remplaçants mobilisables rapidement, ainsi en cas d’absence d’un enseignant, les élèves se retrouvent répartis dans d’autres classes déjà chargées, ou confiés aux ASEM, dont ce n’est pas la mission pédagogique.
Dans le second degré, la négociation n’a pas abouti : les arrêts maladie ordinaires ne seront plus remplacés, sauf pour les classes à examen. Concrètement, une classe peut rester privée d’enseignement dans une discipline pendant plusieurs mois. Par ailleurs, le recrutement d’un maître délégué pour remplacer seulement une partie des classes, donc à temps partiel, va s’avérer très compliqué, voire impossible.
Le mirage du pacte RCD
Pour adoucir cette décision, le Rectorat met en avant le pacte RCD (Remplacement de Courte Durée). Mais ce dispositif, censé pallier les absences, se heurte vite à la réalité du terrain : pour remplacer réellement un enseignant dans ses classes, il faut que ses collègues dans sa discipline soient volontaires ET disponibles sur les créneaux libérés. Inutile d’essayer de nous faire croire que les absences seront ne serait-ce qu’à moitié palliées par ce dispositif.
Utiliser un outil pensé pour de courtes absences afin de couvrir des arrêts longs interroge sur sa pertinence. De même, sachant que 18H de RCD coûtent bien plus cher que 18H de remplacement par un Maître Délégué, on comprend mal comment ce dispositif est censé faire réaliser des économies…
Coupes budgétaires en cascade
La rentrée est également marquée par une nouvelle baisse des enveloppes allouées aux établissements au titre des pactes, pour la deuxième année consécutive. S’y ajoute la suppression, sans préavis, des crédits d’HSE (Heures Supplémentaires Effectives), jusque-là utilisés pour financer les remplacements ponctuels ou des projets éducatifs (ateliers, accompagnement, activités périscolaires). Résultat : de nombreux projets prévus pour la rentrée sont aujourd’hui suspendus.
Des conséquences multiples
Les répercussions sont lourdes :
- Pour les élèves, une partie des enseignements ne sera pas assurée, compromettant la continuité pédagogique.
- Pour les enseignants, la crainte est de voir se multiplier les renoncements aux arrêts maladie, par peur de pénaliser leurs classes et d’alourdir la charge de leurs collègues. Ceux qui acceptent de pallier les absences risquent la surcharge, parfois jusqu’à l’épuisement.
- Pour les chefs d’établissement et les équipes éducatives, enfin, l’année s’annonce tendue : ils devront gérer la colère des familles, tout en étant les premiers à subir ces coupes budgétaires.
Un appel à la responsabilité de l’État
Pour le Snec-CFTC, ces mesures traduisent une logique exclusivement budgétaire, en contradiction avec l’obligation de l’État d’assurer la continuité des apprentissages. Le syndicat appelle le Rectorat à revoir sa copie, à ne pas mettre les équipes éducatives et pédagogiques déjà sous tension encore plus en difficulté et ne pas sacrifier la qualité de l’éducation de nos jeunes sur l’autel de l’économie.

