En quoi et pourquoi le rôle de l’évaluation doit-il évoluer ?

Depuis Enseignant 2020 (présenté en 2013), le Snec-CFTC a obtenu que l’évaluation des maîtres cesse d’être une évaluation sanction mais qu’elle conforte le maître dans sa pratique professionnelle, contribue à l’amélioration de ses pratiques et repose sur des critères d’évaluation connus et reconnus (le référentiel des compétences) prenant en compte l’implication de l’enseignant dans l’équipe pédagogique et dans l’établissement.

Avec PPCR, le rôle des corps d’inspection a évolué vers plus de conseil et l’accompagnement des équipes. Si les objectifs affichés sont bons, il reste beaucoup à faire pour les atteindre. Le Snec-CFTC propose un ensemble de mesures simples et efficaces pour parvenir à un dispositif cohérent d’évaluation, de conseil et d’accompagnement des maîtres.

PPCR n’est pas non plus totalement satisfaisant parce que le Ministère n’est pas allé jusqu’au bout, souhaitant conserver une part au « mérite », dans le cadre des rendez-vous de carrière qui conditionnent l’avancement au 7e et au 9e échelons de la classe normale et l’accès à la hors-classe. Dès lors, le maître n’est pas encouragé à exposer ses marges de progression et à demander conseil aux corps d’inspection.

Par ailleurs, les appréciations étant contingentées, on donne une bonne note aux plus « méritants » non à tous ceux qui ont du mérite. Un tel système est injuste et n’apprécie pas objectivement la valeur professionnelle réelle des agents. On ne refuse pas à une mention un admis au bac au prétexte que les mentions sont contingentées !

Enfin, il n’est plus possible de contester une appréciation donnée par un chef d’établissement, ni de revoir l’appréciation finale délivrée par le recteur à l’issue du 3e rendez-vous de carrière. Les maîtres sont donc pénalisés durablement et le système est décourageant, fermant la possibilité de reconnaître les progrès résultant d’actions de remédiation. On ne recale pas perpétuellement un candidat au bac au seul motif qu’il a échoué à sa première présentation !

Pourquoi refuser l’évaluation par les chefs d’établissement ?

Le dispositif PPCR fixe de nouvelles modalités d’évaluation avec des critères équitables et des objectifs qui vont dans le bon sens : délais de prévenance, rendez-vous de carrière aux 6e, 8e et 9e échelons, référence aux compétences professionnelles…

Mais l’évaluation par le chef d’établissement peut conduire ce dernier à évaluer sur des critères non officiels et plus personnels. Cette dérive constatée dans certaines académies a amené le Snec-CFTC à intervenir auprès du ministère et des instances nationales de l’enseignement catholique.

Sur le principe, il n’est pas acceptable que les compétences des maîtres, agents de droit public, soient évaluées par des salariés de droit privé (les chefs d’établissement) d’entités de droit privé (les organismes gestionnaires des établissements) en l’absence de contrat de travail liant les chefs d’établissement en tant que personnes physiques à l’Etat. A lire : notre projet concernant la relation maîtres – chefs d’établissement. A plus forte raison quand tous les chefs d’établissement n’ont pas achevé (voire n’ont pas entamé) la formation rendue obligatoire par l’Etat (mais non dispensée par lui…) avant de commencer à évaluer les maîtres.

Concernant les compétences pédagogiques, il va de soi que le chef d’établissement n’étant pas spécialiste des connaissances académiques et de la didactique de chaque discipline, il ne saurait jouer un rôle dans l’évaluation pédagogique disciplinaire. C’est pourquoi le Snec-CFTC demande l’évaluation par les seuls corps d’inspection.

Comment rendre le système d’évaluation et d’avancement plus cohérent, plus efficace et plus juste ?

Le Snec-CFTC demande :

  • La possibilité de contester toute appréciation professionnelle.
  • La possibilité de réviser, à la demande du maître, l’appréciation finale délivrée par le recteur à l’issue du 3e rendez-vous de carrière.
  • La réorganisation du calendrier des rendez-vous de carrière : positionnement du premier rendez-vous au 5e échelon, du 2nd au 7e échelon, du 3e dans la première année du 9e échelon.
  • La prise en compte pour l’évolution de carrière de l’investissement des enseignants au sein de l’établissement : organisation ou animation de projets pédagogiques spécifiques (par exemple : classe musique, classe sport, classe EVT…), représentation du personnel (CSE), prise de responsabilité pédagogique (responsables de niveau…), organisation ou animation d’événements favorisant la cohésion sociale au sein de l’établissement, etc.
  • Que les délais initiaux de prévenance et de recours, raccourcis en 2019, soient rétablis.