Endiguer la chute du pouvoir d’achat des maîtres est la revendication numéro 1 du Snec-CFTC. Pourquoi ?

La rémunération n’est pas la seule motivation des maîtres. Elle mesure aussi la valeur attribuée à la profession. C’est pourquoi le Snec-CFTC demande une revalorisation significative de la rémunération des maîtres contractuels et délégués.

Les gels successifs de la valeur du point de la fonction publique ont un eu effet catastrophique sur le pouvoir d’achat. S’y sont ajoutés d’autres facteurs :

  • la hausse des charges sociales,
  • la hausse de la CSG qui n’a pas été totalement compensée pour les agents de l’Etat,
  • le rétablissement du jour de carence qui pénalise injustement celles et ceux qui sont malades.

La perte de pouvoir d’achat n’est donc pas un phénomène récent ?

Le pouvoir d’achat des salaires et indemnités (dont l’Isoe) ne cesse de baisser depuis une trentaine d’année, de 1 % par an en moyenne et même plus depuis une dizaine d’années, la valeur du point d’indice ne suivant pas la hausse des prix. Sa revalorisation de 3,5 % au 1er juillet 2022 n’a pas compensé la hausse des prix sur les 12 mois qui l’ont précédée (+ 5,8 % selon l’Insee).

Il faudrait augmenter les salaires de près de 50 % pour atteindre le pouvoir d’achat que l’on pouvait espérer en entrant dans le métier il y a trente ans.

Si l’on compare l’évolution des salaires enseignants à celles du Smic et du salaire moyen, on constate une rétrogradation des maîtres dans l’échelle des salaires.

Ce déclassement symbolique s’ajoutant à la baisse du pouvoir d’achat, il n’est pas exagéré de parler de déclassement social des enseignants. Les difficultés croissantes de recrutement en sont une preuve évidente.

Vous affirmez que les mesures de revalorisation ne font que limiter la casse et pour certains seulement.

Jean-Michel Blanquer a parlé de revalorisation historique. Pour le Snec-CFTC, il n’en est rien : les primes d’attractivité 2021 et 2022 ne compensent pas la perte de pouvoir d’achat résultant de l’inflation. Le déclassement se poursuit pour tous et de façon accélérée pour le tiers des enseignants qui ne bénéficient pas de ces primes.

Cette perte de pouvoir d’achat ne concerne-t-elle que les salaires et leurs accessoires ?

Non. Les salaires d’aujourd’hui faisant les pensions de retraite de demain, les maîtres sont doublement et durablement pénalisés : aujourd’hui en tant qu’actifs, demain en tant que retraités.

Concernant les retraites, la suppression d’une partie des droits au régime additionnel de retraite (2013), le basculement des nouveaux entrants à l’Ircantec (2017) et la suppression de la garantie minimale de points (2019) les a aussi fortement pénalisés.

Et ce n’est pas fini : la réforme des retraites qui devrait s’engager à la rentrée 2022 pourrait pénaliser une nouvelle fois les enseignants. Sans oublier un nouveau coup de rabot, imminent, sur le régime additionnel de retraite.

Le président Macron annoncé des mesures pour les enseignants qui adhéreraient à un pacte. Que faut-il en penser ?

S’il s’agit de travailler plus pour gagner plus, il ne s’agira pas d’une revalorisation de la profession.

Le Snec-CFTC demande une revalorisation et significative de la rémunération sans contrepartie et pour tous, c’est-à-dire sans nouvelles missions ou contraintes augmentant le temps de travail effectif des maîtres.

Alors, que faire ?

Un objectif raisonnable serait d’aligner le salaire moyen des enseignants français sur le salaire moyen des enseignants de la zone OCDE.

Le Snec-CFTC demande également :

  • l’alignement des salaires nets des maîtres de l’enseignement privé sous contrat sur ceux des fonctionnaires ;
  • la revalorisation de toutes les primes et indemnités (Isae et Isoe, indemnités de jury, frais de déplacement, de restauration et d’hébergement, etc.) ;

Il conviendrait également de créer de nouvelles indemnités afin d’assurer l’égalité de traitement et de reconnaître des investissements particuliers :

  • L’action du Snec-CFTC a déjà permis d’obtenir l’Isae dans le 1er degré.
  • Le Snec-CFTC demande l’attribution d’une indemnité de déplacement aux maîtres du 1er degré dont le service est partagé entre plusieurs établissements.
  • Le Snec-CFTC demande une reconnaissance financière pour l’accueil dans les classes d’enfants à besoins particuliers (PPRE, PPS, PAP…), les cours multiples, les classes chargées (dont l’effectif dépasse le seuil d’ouverture).