Dans un article du 17 septembre, AEF INFO se fait l'écho de la conférence de presse de rentrée du Snec-CFTC tenue la veille.
Risque de non-renouvellement de l’accord de prévoyance, "précarité" des maîtres délégués de l’enseignement privé, "perte de pouvoir d’achat"… Alors qu’un enseignant du privé gagne en moyenne 10 % de moins qu’un enseignant du public, le Snec-CFTC alerte sur le "moral en berne" de ces personnels, le 16 septembre 2025. "L’enseignement privé sera-t-il toujours suffisamment attractif pour des personnels qui ont un statut inférieur au public ?", s’interroge le président de la CFTC, qui voit déjà "les prémices d’une crise du recrutement". Autres sujets abordés : les suites du rapport Bétharram.
"Le moral des enseignants est en berne", déclare Véronique Cotrelle, présidente du Snec-CFTC, en conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025. En cause : "un contexte national dégradé, une instabilité politique, des perspectives économiques très inquiétantes" et "un dialogue social en panne". Mais le deuxième syndicat de l’enseignement privé s’inquiète tout particulièrement d’un dossier : celui portant sur la prévoyance des enseignants.
Vers la perte du contrat de Prévoyance ?
En effet, "il est fort probable que les 145 000 maîtres du privé perdent cet acquis datant de 1978, puisque l’accord a été dénoncé en juillet 2024 par le collège employeur", poursuit Véronique Cotrelle. Qui ajoute que les négociations se sont, depuis, "enlisées". Or, si cet accord n’est pas renouvelé, l’enseignement catholique "fera 60 millions d’euros d’économies, sur le dos des enseignants", assure-t-elle.
Pour Cyril Chabanier, président de la CFTC, "sans la participation employeur, on perd non seulement une prévoyance de qualité, mais aussi une part de pouvoir d’achat considérable". Une perte que le Snec a chiffrée : "sans nouvel accord, chaque enseignant devra financer seul sa couverture. Ce qui reviendrait à payer non plus 50 euros, mais 500 euros par an".
D’autant plus, rappelle le syndicat, "qu’un enseignant du privé gagne environ 10 % de moins en moyenne qu’un enseignant du public, et que sa retraite est calculée sur les 25 meilleures années, contre les six derniers mois pour les enseignants fonctionnaires dans le public". Ce contrat prévoyance est donc, selon le Snec, "une petite compensation" par rapport à l’enseignement public. "Ce seul avantage dont bénéficiaient les enseignants du privé va être perdu".
Un "plan de déprécarisation"
Or, le pouvoir d’achat est, selon le syndicat, l’une des principales préoccupations des enseignants du privé. Car, à ce risque de perte du contrat de prévoyance, s’ajoutent "le gel du point d’indice, la suppression de la GIPA et une inflation qui se poursuit".
Quant au "pacte enseignant", qui "faisait miroiter des augmentations, ils fondent comme neige au soleil", alerte le syndicat. "Dans le 1er degré, ils sont exclusivement réservés aux stages de remise à niveau, et dans le 2nd degré, ce sont exclusivement des RCD". Or, les heures de pacte – mieux valorisées que les HSE, rappelle le Snec –, ont d’abord été "distribuées sans discernement, pour être finalement réduits de moitié l’an dernier, avant, enfin, que les chefs d’établissements finissent par les donner 'à la tête du client' : ce n’est pas un système équitable", déplore le syndicat.
Par ailleurs, le Snec-CFTC pointe aussi la situation des maîtres délégués (1). Avec la possibilité d’obtenir un CDI après six ans de services d’enseignement, "le contingent de ces personnels en CDI est de plus en plus important", alerte Véronique Cotrelle, qui dénonce leur "précarité", puisque, "comme il n’y a plus assez de postes vacants, on n’arrive plus à placer ces personnels".
Le syndicat demande donc, notamment :
- un "plan de déprécarisation" pour les maîtres délégués des établissements privés sous contrat,
- que le contingent des seconds concours internes soit augmenté dans toutes les académies et ouvert dans toutes les académies avec augmentation du contingent du 2nd concours interne,
- une indemnité kilométrique de déplacement calquée sur celle des TZR…
"L’enseignement privé restera-t-il suffisamment attractif" ?
Autre préoccupation du syndicat : au vu de tous ces éléments, "l’enseignement privé sera-t-il toujours suffisamment attractif pour attirer des personnes qui ont un statut inférieur à ceux du public, et des perspectives de carrière quasiment nulles sans concours ?" Pas sûr, selon le Snec, qui voit arriver "les prémices d’une crise de recrutement", à l’instar de celle dans l’enseignement public.
Selon Cyril Chabanier, l’un des atouts de l’enseignement privé, "c’est le système de la mutation, qui peut porter préjudice dans le public". Il est "géré de manière rationnelle et humaine dans le privé, et permet de faire carrière, ou d’être muté". Globalement, donc, l’ensemble du mouvement, "géré en interne par l’enseignement catholique, dans un dispositif paritaire, fonctionne bien : ce système doit perdurer".
Suites du Rapport Bétharram : "quels moyens financiers ?"
Lors de sa conférence de presse, le syndicat est revenu sur le rapport de la commission d’enquête Bétharram (lire sur AEF info), dont il salue les recommandations. Mais cela nécessite des moyens financiers, insiste le Snec, surtout pour la recommandation 29 (garantir pour l’ensemble des personnels de tous les établissements scolaires une formation initiale et continue dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de violences faites aux enfants, dans le cadre intrafamilial et en milieu institutionnel, établir un plan pluriannuel de formation). "L’enseignement catholique doit également se mobiliser pour rendre possible cette formation", estime le Snec.
Il s’interroge aussi sur les moyens humains et logistiques qui seront donnés aux inspecteurs pour exercer un contrôle réel tous les 5 ans", et préconise, pour le contrôle des établissements, "d’avoir recours aux élus CSE. Les PV de ces instances sont une forme de mémoire de la vie de l’établissement par les questions, les alertes soulevées et les éventuelles réponses données. Cette piste reste à explorer", conclut Véronique Cotrelle.
Qui sont les personnels représentés par le Snec-CFTC ?
Le Snec-CFTC représente les enseignants, salariés, chefs d’établissements et AESH de l’enseignement privé sous contrat d’association avec l’État, et dans l’enseignement agricole privé sous contrat. Représentatif dans la branche EPNL, il représente :
150 000 maîtres (MENESR et ministère de l’Agriculture)
80 000 salariés des établissements privés sous contrat avec le MENESR
6 500 salariés des établissements privés sous contrat avec le ministère de l’Agriculture.
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